"Flâneries"





La lune observe sagement les créatures de l'Esprit Nuit, fouler le bedon de Mère l'Île. Le Hibou hulule à battements réguliers, métronome du cœur de la forêt. Herbes et feuilles murmurent et soupirent, en amoureuses nées. A chaque promeneur égaré, elles dispensent leurs émois contre leurs mollets. Et déjà, elles se gorgent d'émotion, pour qu'à l'aube, les fées cueillent leur rosée.
Flot gazouille presque à chaque fois que ses petons froissent la mousse. Que cette sensation de douces chatouilles est délectable. Inédite ! Gambadant, sans crainte de l'obscurité, la sirène s'émerveille des petits riens que ce monde lui a cachés. Là, une fleur aux corolles chatoyantes; Ici, une chenille qui fume et grignote un champignon. Le Bois Joli, ne se contente pas de simplement l'être. Il hume bon, d'odeurs incongrues, inconnues à ses sens : humus et pluie, bois détrempé et fleurs en bosquet... Son iode est si loin qu'elle l'a presque oublié.
Toute émoustillée de son exploration, la Baleine, dans son plus simple appareil, ne voit pas les étoiles tourner, ni le vent qui balaie les heures. Pas chassé, pas chassé. La gironde demoiselle batifole dans une clairière pour mieux se laisser tomber - lourdement s'il en est -  sur un parterre de pâquerettes qui n'en réclamaient pas tant. Quelques taupes inquiètes regagnent leurs terrils. Qu'elles rouspètent donc, cela ne saurait gâcher le plaisir de la Dodue.
Flot soupire - le palpitant extatique, les yeux pétillants - sous les frondaisons du Bois aux Merveilles.

Pour un peu, elle chanterait presque.

Son timbre cassé, s'élève en circonvolutions singulières dans l'air nocturne. Il crépite de cette joie toute simple qui lui irradie la poitrine. Même imparfait, son chant reste celui d'une saline. Une sirène perdue en plein bal arboré et qui, telle une princesse de contes, a oublié qu'au point du jour, elle se transformera en citrouille.

Énorme et plantureux cucurbi-cétacé.

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